Qui suis-je ?

La voie de l’investigation de Soi

Qui suis-je ?

Qui ? Moi ou toi ?
Au fond, tu me poses la question, ou tu te la poses ?
Non parce que, moi, je sais qui je suis — je sais que je le sais parce que je ne le sais pas.
Observe par toi-même l’absurdité d’une telle réponse.
À quoi cela servirait d’en dire plus ? Cela ne ferait que de nous en éloigner davantage.
Si la question t’intéresse, pose-la-toi, à toi-même : « Qui suis-je ? ».
Et, surtout, ne la pose à personne d’autre.
Car, c’est vrai, qui sont-ils pour te dire qui tu es ?
Si tu ne sais pas y répondre, comment le pourraient-ils ?
Ils n’en savent pas plus que toi, peut-être en savent-ils même encore moins que toi.
En fait, la meilleure réponse que tu pourrais donner est justement celle-ci : je ne sais pas.
Parce qu’au fond, c’est bien cela la vérité : tu ne sais pas.
Et tant mieux ! Mieux vaut ne pas savoir qui tu es plutôt que de répondre tout et n’importe quoi à cette question.
Si tu es vraiment honnête, tu sais bien que tu n’es aucune de ces choses par lesquelles tu serais instinctivement amené à te définir — tu es bien plus que cela.
Ou pour le dire en d’autres mots, tu peux connaître ce par quoi tu t’es défini, mais tu ne peux pas connaître cette chose, qui est toi.
Alors autant en faire une force.
Si tu cherches à le savoir, pourquoi ne pas faire de ce « je ne sais pas » ton point de départ ?
N’est-ce pas là la chose la plus essentielle ?
Quand on ne sait pas, on a l’opportunité de découvrir, de savoir.
Mais quand on sait, plus rien n’est possible, car que pourrait-on encore découvrir lorsqu’on sait déjà ?

Ramana Maharshi a dit :

« Le silence est le véritable enseignement, l’enseignement parfait. Mais il ne convient qu’aux chercheurs les plus avancés. Les autres sont incapables d’en retirer toute l’inspiration, c’est pourquoi ils ont besoin des mots pour expliquer la vérité. Mais la vérité est au-delà des mots et ne donne prise à aucune explication. Tout ce qui est possible est d’en montrer la direction.

Le langage n’est qu’un moyen pour communiquer des pensées à son prochain. Il n’intervient qu’une fois que les pensées se sont élevées. D’autres pensées s'élèvent après la pensée "je". Celle-ci est à la racine de toute conversation. Quand on reste sans pensée, on comprend fort bien son prochain, grâce au langage universel du silence.

Le silence n’arrête pas de parler. Il est le flot éternel du langage. Ce flot est interrompu par la parole. L’échange de mots obstrue cette langue muette. Prenez l’exemple de l’électricité dans un fil. Grâce à une résistance placée sur le courant, l’électricité illumine une lampe ou fait tourner un ventilateur. Mais dans le fil lui-même, l’électricité reste sous forme d’énergie. Il en va de même pour le silence qui est le courant éternel du langage, mais qui est obstrué par les mots.

On peut ainsi comprendre dans le silence ou en face du silence, en une seconde, ce que l’on a essayé vainement de saisir au cours de conversations qui ont pu durer plusieurs années. »

Peut-être pourrais-tu commencer par là ?