Les larmes du silence

Les larmes du silence

Le silence n’est pas une chose qui se trouve en dessous du bruit ; elle en est une qui l’embrasse, qui le recouvre si pleinement qu’elle en devient totalement imperceptible. Si tu cherches à la saisir, elle t’échappera sans cesse ; en revanche, si tu la laisses simplement se répandre en elle-même, elle tâchera de te faire sienne.

Nos larmes en sont le langage, car, si elles coulent, c’est le signe que cela devient intenable et que plus un mot ne convient. Mais lorsque tout s’est effondré, elles s’épuisent, et il n’y a alors plus qu’un sourire — si ce n’est un rire — qui s’étend naturellement face à l’irréductible beauté de ce qui reste.

Et c’est ainsi que l’on se meurt, pour renaître à ce centre silencieux que l’on a si souvent pressenti, mais qui apparaît seulement maintenant comme une évidence que l’on ne pourra plus jamais ignorer.