La présence
La contemplation n’est pas une observation distante du moment présent.
C’est un état de totale transparence, une immersion consciente avec ce qui est.
Ce n’est pas un regard qui se pose sur les choses, c’en est un qui y est entièrement dissous ou absorbé, sans séparation.
C’est laisser tomber l’effort d’observer pour devenir l’expérience même d’observation.
Ce n’est pas « se voir en train de respirer », mais devenir la respiration ; ce n’est pas « remarquer qu’on entend un son », mais être le son ; ce n’est pas « méditer », mais se faire méditation.
C’est d’abord reconnaître le témoin qui vit toutes ces expériences, non pas pour s’arrêter là et devenir simplement témoin du témoin, mais pour le laisser se dissoudre lui aussi, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une expérience sans observateur, un vécu sans localité, une présence sans centre ni périphérie.
C’est s’immerger dans cet instant hors du temps, où il n’y a plus un « témoin » et une « expérience », mais seulement l’expérience, pleine et sans bords, qui se sait elle-même, qui se goûte elle-même, qui existe d’elle-même, qui témoigne d’elle-même.
Et c’est ainsi, depuis cette nudité existentielle, depuis cette seule et unique présence, que ce qui est vécu se révèle simplement être celui qui vit.