Je est Deux
La dynamique du Moi et du Je

Je suis Deux.
Enfin, pas Moi : Deux est Je.
Moi, je ne suis que le deuxième, celui qui écrit — l’un des deux.
Et, dès que j’arrête d’écrire, Je — je suis ce Deux, qui est Je.
Seul, ce « deuxième » (Moi) ne peut qu’échouer à transmettre qu’il est Je, puisqu’il n’est plus Deux, mais simplement le deuxième — celui qui écrit pour tenter de faire comprendre qu’au fond, il est Deux : Moi et Je.
Parce qu’évidemment, Je ne peux pas écrire, seul Moi le peut.
En bref, Moi peut parler, penser, chanter, danser, écrire, mais Je ne le peut pas.
Et c’est pourquoi il a besoin de Moi, c’est pourquoi Je est Deux — à la fois Moi et Je.
Le Moi, lui, n’a pas besoin du Je pour agir, mais il en a besoin comme d’un support pour ses agissements.
Le Je contient donc le Moi, mais il ne peut agir.
Le Moi, lui, ne contient pas le Je, mais il peut agir.
Moi est terrestre, il est fait de ce qu’il a accumulé ici.
Je est céleste, c’est mon non-Moi.
Moi est la vie active du Je, et Je est la vie passive du Moi.
Alors, si je suis identifié au Moi, je ne suis que ce Moi, et je n’ai donc aucun contrôle sur mon existence : c’est l’accumulation de choses dans ce Moi qui définit ma manière d’être.
Mais si je suis identifié au Je, Je suis Deux, et le Moi n’est donc plus que mon expression, l’expression du Je, un moyen par lequel il peut agir.
En d’autres mots, le Je, infini et sans forme, utilise les formes dont est fait le Moi fini pour Être.
Et c’est ainsi que le Moi ne se reconnaît plus que comme étant la surface, la forme extérieure que prend la profondeur intérieure et sans forme du Je.